merci de répondre à ces questions en étant assez explicites, nous ne vous demandons pas 20 lignes bien sûr.

→ Depuis combien de temps habitez-vous Milan?
Quelques mois, quelques semaines, la notion du temps m’échappe complètement. Tantôt je l’apprécie, tantôt je la déteste, Milan est une ville à laquelle je suis infidèle. Pour être honnête, je lui préfère sa grande sœur Paris. Milan est un pied-à-terre dans lequel je ne me rends que sporadiquement.
→ Êtes-vous épanouis dans votre travail?
La photographie fut mon premier amour, intense, exalté et exaltant. Petite, j’épuisai ma lassitude avec l’appareil photo de mon grand-père, flânant dans les rues de la cité des anges (qui porte bien mal son nom d’ailleurs). Je suis autodidacte, je n’ai suivi aucune formation ni aucun courant, mes photos portent ma propre signature, mon empreinte. J’ai été influencée nonobstant ; Helmut Newton, Abbott, Klein, Brassai et Penn sont entre autres les photographes auxquels je voue le plus d’admiration. Je suis fascinée par l’image, ce n’est jamais éculé, en ce sens qu’il y a un nombre infini de manières de l’interpréter et de la saisir. De ce fait, le cinéma constitue pour moi une seconde passion. Je m’essaie progressivement à la réalisation et j’y prends goût, peut-être délaisserai-je un jour la photographie pour devenir cinéaste…Toutefois, je n’en suis pas encore à franchir ce pas. Professionnellement parlant, je travaille pour plusieurs magazines de mode, je suis donc une photographe indépendante. Mais c’est surtout pour renflouer mon porte feuille que je travaille pour ce genre de revues, ce n’est pas vraiment par plaisir. Je ne suis pas une adepte de la mise en scène, du papier mâché et des pots de peinture si vous voyez ce que je veux dire : il n’y a jamais de spontanéité, d’émotion dans ce genre de photographie. Et pourtant, c’est ce qui paye le mieux. Croyez bien que ce n'est pas par plaisir que je photographie des mannequins présomptueux et squelettiques qui se prennent pour B.B et Alain Delon.

→ Qu’est-ce que vous inspire la mode ?
Sex, ecsta and eating disorders. Pénétrer la sphère de la mode équivaut à se jeter dans la fosse aux lions. Cela vous corrompt les sens, vous ronge l’esprit, vous altère le corps. C’est comme une chimère merveilleuse qui vous englobe et vous entraîne jusque dans les tréfonds de la pire existence. L’art n’y tient qu’un rôle mineur, les paillettes et l’argent étant maintenant les principales motivations de ceux qui y travaillent. On ne façonne plus par plaisir mais par avidité.
C’est une immense machine vorace qui ne vit qu’à travers les apparences et met au monde des individus de la pire espèce : les mannequins. Des monstres qui s’entretuent pour quelques minutes de gloire et qui finissent par perdre leurs illusions dés lors que la concurrence se fait trop rude. Pour rien au monde je ne souhaiterai tomber dans cet engrenage infernal, c’est pourquoi je reste éloignée des podiums.

→ Seriez-vous prêt(e) à tout par amour pour la mode ?
Si je deviens ainsi un jour, je m’en remets à votre infinie pitié pour m’achever car j’aurais sombré dans les abysses. Il n’y a rien que je redoute plus que de devenir une fashion addict. Je suis déjà dépendante financièrement parlant, il ne faudrait pas en plus que je prenne goût à ce que je fais. Les minauderies, les embrassades, les orgies lugubres et les drogues dures, cela finirait par me détruire.

→ Si je vous dit que la marinière est à la mode vous me dites ?
Le short, le cuir, les ray ban et les motifs fleuris le sont plus. Rendez-vous à Paris et à Londres, toutes les fashionistas à la pointe de la mode portent ce genre de vêtements qu’elles déclinent, certes, de différentes manières mais toujours selon les contraintes que leur impose la conformité affligeante dont tout le monde est atteint. En réalité, très peu sont ceux qui arrivent à avoir le style dont Chanel parlait. Mode ou pas mode, si une femme a de la majesté, elle n’aura pas besoin de vêtements pour se faire remarquer. La beauté n’est noble que dans son état brut.

Je me nomme Anouk Sellers, je suis né(e) à Los Angeles, il y a 24 ans. Je suis américaine, mais je possède quand même du sang français et ukrainien qui coule dans mes veines. Heureusement pour moi, je suis célibataire et pour l’instant cette situation me convient pour le mieux. Même si ce n’est pas simple tous les jours,je suis photographe, je suis malgré tout très épanouie, je ne vais donc pas m’en plaindre. Le groupe auquel je fais partie est BETTER IN TIME, d’ailleurs ces gens-là disent que je ressemble à Magdalena Frackowiak ; je ne vois pas très bien qui elle peut être, mais une chose est sûre, elle doit être franchement belle.