Je me suis réveillé un jour, j'avais dix-huit ans. Je n'étais plus personne, j'étais vide, ma tête était un trou noir et je m'y laissais tomber. J'avais dormi pendant un peu moins d'un an, comme la Belle au bois dormant. Sauf qu'elle elle avait été réveillée par un prince charmant. Mes parents étaient morts depuis longtemps qu'ils ont dit et rares étaient les personnes qui m'avaient rendu visite. Je n'avais plus personne. Pas de peine cependant étant donné que j'avais tout oublié. J'avais même oublié mon nom, mais les papiers étaient là pour me le rappeler. Alceo Felice de Martini. Qui était ce garçon ? Qu'avait-il fait ? D'où provenaient ces étranges tatouages ? A qui appartenait ce visage ? Quelle était cette cicatrice ? C'était étrange et pourtant je me sentais merveilleusement bien. Comme si je venais de naître, comme s'il me restait énormément de choses à apprendre, comme si je pouvais tout recommencer, tout revivre. Comme si l'on me donnait une nouvelle chance. Je ne savais pas qui j'avais été mais je savais qui je voulais être. N'importe quelle personne aurait fouillé dans son passé, serait parti à la recherche des souvenirs. Moi j'ai tout fait pour éviter le passé. Au feu les albums photos auxquels je n'ai pas jeté un seul coup d'oeil, au feu tous les dossiers qui encombraient le bureau de ce qu'on avait dit être mon appartement, au feu les nombreux vêtements troués. J'ai tout jeté. Tout à l'exception de cette guitare que je me suis mis à caresser. La pièce était vide à présent, vide comme dans ma tête. Il n'y avait plus que moi, moi et elle. Adele ; la guitare. Donner un nom à un objet peut paraître idiot, mais est-ce idiot lorsqu'on a personne à qui parler ? Adele est devenue la compagne de mes nuits, la compagne de ma vie. La seule qui jamais ne m'abandonnerait.

« c'est sûr que j'peux mourir demain, tant qu'elle m'habite entre ses reins. »

« c'est du gucci, c'est du goût d'chiottes, c'est le syndrome de nos époques, c'est du chanel, c'est du dolce, tu fais la belle et ça te plaît. »