On ne se console pas de ses chagrins, on s'en distrait.
Je souffle sur ces bougies avec dédain, ne prenant même pas la peine de faire un souhait, un truc qui de toute manière ne se serait jamais réalisé. Pour une fois de plus, pour une autre année, je me retrouve seule devant ce gâteau, devant ce pur chef d’œuvre qui à certainement du leur couter bien des billets. Des dépenses inutiles, de l'argent qui finira à la poubelle, tout comme cette pâtisserie à la con. Comme s'ils pouvaient acheter l'amour avec des calories, comme si de me laisser cette merde pouvait faire grandir mon amour pour eux alors que cet amour, il est mort depuis longtemps déjà. Des parents cons, les riches typiques quoi. Certes grâce à eux, j'obtiens des contrats, j'ai droit aux plus grands shootings photos à ça seulement à seize ans, mais ça ne change rien, non ça n'enlève et n'enlèvera jamais rien au fait que je les déteste, que les voir crever n'aurait aucune importance pour moi. Les lumières s'ouvrent autour de moi et dans un mouvement brusque, je relève la tête pour croiser le regard de Louise, notre esclave comme j'aime bien la surnommer, c'est tyrannique, je suis tyrannique. Dans un sourire amer, je replace mes cheveux avant de repousser le gâteau vers elle. « Tu peux le garder, j'en veux pas. » Son regard niais m’insupporte, elle est laide, répugnante et je lui crèverais bien les yeux pouvoir. « Mademoiselle .. » « Fermes-là ! » Je me lève, ne prend pas la peine de pousser le chaise, après tout elle peut bien s'en charger celle-là, c'est son boulot et quitte la pièce, un sourire fier accroché au coin des lèvres. Je suis le diable, Satan, Belzébuth, Constance Gainsbourg, tant de synonymes pour un seul et unique personnage, le mal. Arrivée au grand salon, je me laisse lourdement tomber sur ces horreurs de canapés et attrapa le combiné qui se trouve non-loin. Encore une fois, je suis seule et si vous êtes bons en mathématiques, vous viendrez en conclusion qu'une fille comme moi accompagné d'un palace en guise de maison ainsi que d'une nounou carrément débile, ça ne fait jamais bon ménage, jamais ô grand jamais. « Téléphone à tout Paris au grand complet si t'as envie, appelle les États-Unis s'il faut, ce soir j'ai seize ans, seize putains d'années et crois-moi, c'est un truc dont tout le monde risque de se souvenir éternellement. » Je ris, d'un rire doux et léger, à la fois cruel et méchant. Ce soir j'oublierai, ce soir je danserai jusqu'à n'en plus pouvoir, ce soir, ils seront tous mes pions, tous mes victimes. Sexe, drogue et rock'n'roll, qui à dit que ce concept était démodé et ce, même dans les grandes familles bourgeoises de Paris et ses alentours. La vulgarité et les dévergondés, ils sont partout, partout où même les plus rusés d'entre-nous ne pourraient soupçonner.

« Ta maison elle est vachement belle, c'est un truc de dingue. » Je soupire avant de porter ma clope à la commissure de mes lèvres. J'ai l'impression de perdre la tête, tout tourne atour et peu à peu, je me sens tomber dans un gouffre, un truc de débile. De l'extérieur, j'entends la musique, je vois au loin les corps qui se déhanchent au rythme endiablé de cette vieille chanson des Beatles, l'une de mes préférés d'ailleurs. « Je sais pas ce que je fais ici pour être honnête. Tu vois, ce genre fêtes, c'est pas mon truc, mais en même temps j'avais rien à foutre ce soir alors bon. T'as un nom dit ? » Je tourne légèrement la tête vers lui et soupire à nouveau, c'est fou ce qu'ils me les cassent. N'empêche qu'il est mignon, du moins il le serait beaucoup plus sans ses lunettes à la con et cette coupe de cheveux horrible. Je n'ai pas encore attrapé le gibier, tous semblent vouloir un truc, mais rien qui ne me fasse vibrer, rien qui me donne envie de faire le moindre effort, seulement lui, il à un truc. C'est un idiot, ça se voit, mais à qui cela peut bien déranger, une nuit c'est rien si on compare à une vie. « J'ai un nom, oui, mais t'as pas besoin de le savoir Ano. » Diminutif d'anonyme. Il hausse un sourcil et se gratte la tête avant de rigoler, pour je ne sais quelle raison, sans doute est-il plus con que je ne le pensais. « D'accord, mais je ne m’appelle pas Ano, en fait mon nom .. » « Ta gueule. » Je le coupe méchamment, mais je m'en fiche, je veux pas savoir comment il s’appelle, j'ai pas envie de savoir il à quel âge ni-même la couleur de son chien. Tout ce que je veux, c'est oublier, toujours oublier et rien n'est mieux qu'une bonne baise pour. Je vous choque avec mes mots vulgaires ? Vous m'en voyez horriblement désolée, ou pas. « Suis-moi. » Je lui empoigne avec douceur la main et le tire jusqu'au cabanon qui se trouve un peu plus loin dans ce gigantesque jardin qu'est miens. Évidemment, Ano suit, un sourire amusé aux lèvres. Mes mains glissent doucement le long de son torse, je laisse aller mes lèvres contre les siennes, c'est le paradis. Comme à chaque fois, bien sur. D'un geste brusque, j'enlève mon tshirt et avance doucement mon visage du sien, plongeant mon regard dans le siens, à la façon d'une menthe religieuse qui s'apprête à dévorer son mari. N'est-ce pas une foutue belle comparaison ? Je sais. Tout semble parfait, le moment est paradisiaque pour tout dire. D'accord, il est gauche, il ne semble pas avoir autant d'expérience que bien d'autres, mais ça reste bien, ça reste super. Seulement, un haut le cœur me prend. J'ai cette boule qui me monte à la gorge et en peu de temps, je me retrouve sur le sol, à me vomir les entrailles, joliment comme tout. « Tu vas .. » « Dégage. » Je marmonne, incapable de crier entre deux gerbes. Je sais de quoi j'ai l'air, d'une pauvre fille débile, une conne qui ne sait pas tolérer les fêtes, ce qui n'est pas le cas. J'ai mal à comprendre, pour une des rares fois de ma chienne de vie, j'ai cette vulnérabilité en moi. « Je vais pas te laisser comme ça. Il attrape avec douceur mes cheveux, comme s'ils étaient fragile et les tient en chignon derrière ma tête. « Le pire anniversaire à vie .. » Il rigole et s'assoit près de moi. « Joyeux anniversaire. » Un premier sourire s'empare des mes lèvres, du moins, l'apparence d'un début de sourire, mais ça suffit pour ce soir. « Je m’appelle Constance. »

Mieux vaut mourir incompris que passer sa vie à s'expliquer.
« Tourne la tête à gauche, l'autre gauche imbécile. » J'étouffe un lourd soupire avant de m'avancer vers lui et de lui rendre son appareil. Je suis merdique, il est merdique, le tout s'accorde parfaitement. « Être photographe c'est de la putain de merde. » J'attrape mon paquet de cigarettes qui traine sur la petite table, sort un briquet et en allume une avant de la porter à mes lèvres. Ça fait un bien fou, comme une dose de sexe, mais d'une un filtre. « Tu devrais pas fumer, ça rend mal .. » « Clope ou pas, personne n'est immortel, rentres-toi ça dans le crâne crétin. » Je lui lança un regard glacial avant de prendre place sur le rebord de la fenêtre, jetant un coup d’œil aux ruelles parisiennes. La vue est atroce, le coin est dégueulasse et je viens même à me demander comment il peut vivre dans cette merde. Je suis une gosse de riche, une enfant gâtée, habituée au luxe, à l'argent. Et voilà que je débarque chez une famille de quasi-clochards. « C'est la dernière fois que je met les pieds ici. » Je haussa un sourcil et pointe l'un des murs de la pièce, question que cet abruti comprenne que je parle de sa chambre. Ezekiel, tel est son nom, roule des yeux avant de se laisser tomber sur son pieux, une mine désastreuse au visage. D'accord, j'y suis allé fort, comme chaque fois, mais je ne vais certainement pas m'excuser, non, je ne suis pas ce genre. Souffrez, ô souffrez parce que je n'aurai jamais de remords, vous comprenez ? « T'es narcissique, c'est un truc de fou. » Un demi-sourire aux lèvres, je jette le restant de la clope par la fenêtre et vient prendre place contre lui. « Je vais pas te demander pardon tu sais. » Un doux rire émet de lui et je ne peux m'empêcher de sourire, cette fois d'un vrai et grand sourire. Le silence s'installe peu à peu, pas un silence gênant, un simple silence, comme il s'en fait plusieurs dans ce monde quoi. « Je t'aime. »

Une femme sans parfum est une femme sans avenir.
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